Malgré tous cela lit ce morceau d'artice pour la france :
"Sur la période allant de février 2005 à janvier 2006, il y a eu 411 811 déclarations d’atteintes à la personne, soit une augmentation de 6,6% depuis l’année précédente, ce qui porte ces violences à 15,69% du total des cas de violences déclarées sur cette période. Fait notoire, ces violences et ces agressions à l’encontre des personnes augmentent depuis cinq ans, avec une hausse significative depuis juin 2005."
C'est toujours moins qu'en france.^^
voici une explication du phénomène au japon:(c'est peut-être là ou tu as regardé ^^)
Source:
http://genma.free.fr/ninoto/article.php3?id_article=238
La violence au Japon
Cet article est tiré du site Internet du journal Le Monde diplomatique (http://www.monde-diplomatique.fr), et est cité ici afin d’aborder le thème de la violence de la jeunesse japonaise. En effet, avec la sortie du film Battle Royal sur nos écrans, nous ne pouvions pas aborder ce problème...
La société en demande trop, par David ESNAULT, journaliste, lauréat du prix Reporter au Japon 1998.
Crimes atroces, suicides, prostitution : l’explosion de la délinquance chez les jeunes inquiète l’archipel. Alors que, pour certains, " tout semble fonctionner parfaitement ", serait-il possible qu’un sentiment mortifère fonde sur une jeunesse nourrie de jeux vidéos et se séries télévisées ? Mais cette extrême violence ne reflète-t-elle pas plutôt la pression d’une société hyper-exigeante, où les repères familiaux ont volé en éclats, où l’argent est la valeur reine - et corruptrice - et où les système éducatif, extrêmement sélectif, ne tolère aucune faiblesse ?
La jeunesse nippone aurait-elle perdu " les notions fondamentales du bien et du mal et du caractère sacré de la vie ? " C’est ce que demande le gouvernement japonais à la suite d’une série de violences commises par des adolescents, d’une gravité jusque-là inconnue sur l’archipel.
Premier de ces faits divers spectaculaires impliquant de jeunes adolescents, un crime atroce : Kobé, en juin 1997, un garçon de quatorze ans assassine deux fillettes, puis un enfant de onze ans qu’il décapite. Il dispose ensuite la tête de sa jeune victime devant son école. Près de la macabre dépouille, il laisse une lettre étrange dans laquelle il explique se venger d’une société qui l’a rendu invisible. L’affaire a un énorme retentissement.
Le 28 janvier 1998, l’opinion publique est de nouveau saisie d’horreur. A Utsonomiya, une ville moyenne située à 100 kilomètres au nord de Tokyo, un garçon de treize ans, ne supportant pas que son professeur d’anglais lui reproche ses fréquents retards, la poignarde mortellement. Cette escalade de la violence extrême, gratuite et imprévisible, va reprendre en février 1998. Ce jour-là, à Tottori, une préfecture située à 120 kilomètres au nord-ouest de Kobé, des jumeaux de quatorze ans sortent dans la rue, choisissent au hasard une vielle dame qui a le malheur de passer là et l’assassinent à coups de couteau. Arrêtés sur le champ et sans résistance, ils se contentent d’expliquer " qu’ils n’auront plus aller à l’école après cela ". Quelque temps plus tard, Higashi Matsuyama, au nord de Tokyo, un élève de treize ans, poignarde brusquement un camarade de classe qui se moquait de lui.
Ce ne sont 1à que quelques exemples significatifs, parmi des dizaines de faits divers similaires rapportés par les journaux. Mais d’autres types singuliers de violence ont été signalés. M. Katsumi Miya, inspecteur de la section délinquance juvénile la préfecture de police d’Osaka, s’inquiète du nombre croissant de cas de chasse l’homme, phénomène connu sous le terme d’oyaji gari. Des adolescents se regroupent en bande juste pour un soir, parfois sans ni me se connaître, et s’attaquent à des passants éméchés ou d’autres proies faciles comme des sans-abri. La police de Tokyo a arrêté récemment une bande de douze garçons, âgés de dix à dix-sept ans, qui avait commis, en cinq mois, trente-six agressions contre des personnes âgées. Les adolescents dépensaient l’argent dérobé - au total, l’ équivalent de 50 000 francs - dans des centres de jeux vidéo. Le chef du gang n’avait pas treize ans.
Un autre type de délinquance, particulièrement médiatisé celui-là , n’a cessé de se développer ces derniers temps. Il s’agit de la prostitution de jeunes filles, le plus souvent des lycéennes. Tous les Japonais connaissent l’euphémisme enjo kosai (2) pour désigner ce phénomène. Le soir, dans le Kabuki-cho, le quartier chaud de Shinjuku Tokyo, se multiplient les affichettes, collées la va-vite sur des poteaux indicateurs ou dans des cabines téléphoniques, fournissent des numéros de " clubs téléphoniques "... . Ces officines - certaines sont clandestines, mais d’autres ont pignon sur rue mettent le client en relation avec une jeune fille, en lui donnant son numéro de téléphone portable. Les clients, en général des hommes de quarante soixante ans, salariés, hommes d’affaires, pères de famille, paient de 1500 à 2500 francs pour un rendez-vous. Les jeunes filles sont scolarisées, n’ont pas de difficultés sociales particulières et semblent essentiellement motivées par l’argent, avec lequel elles s’offrent des vêtements de marque, des cosmétiques ou encore des accessoires coûteux.
Selon Yomiuri TV, l’une des quatre grandes chaînes de télévision nationales, une lycéenne sur vingt s’est déjà prostituée. La police, pour sa part, ne dispose pas d’étude précise mais on pense que ce phénomène est sous estimé au Japon et qu’il est en augmentation constante.
Psychiatre à l’hôpital de Yoyogi, dans le centre de Tokyo, le docteur Masao Nakazawa est spécialiste des violences familiales. Il s’avoue sidéré par le nombre de foyers ou les enfants battent leurs parents et raconte le cas d’un garçon n’ayant pas réussi, après le collège, à intégrer le lycée de son choix. Comme si sa vie entière était conditionnée par cet échec, l’adolescent a ensuite raté le concours d’entrée 1’université. Sombrant dans la déprime, il a rendu ses parents responsables de ses défaillances et terrorise depuis toute sa famille, la tyrannisant, la battant, la menaçant d’un couteau, etc. La police refuse d’intervenir, arguant qu’il s’agit d’une affaire privée, d’autant plus que le fils se comporte normalement l’extérieur de chez lui. Un tel drame familial n’est pas un cas isolé. Le docteur Nakazawa affirme en rencontrer tous les jours.
L’école est aussi le lieu d’une violence quotidienne, extrêmement répandue et qu’on appelle ijime . Littéralement, ce mot signifie "torturer"’ ( ijimeru), mais on le traduit plus justement par "s’en prendre aux plus faibles"’. Dans une classe, un groupe d’ é1èves se choisit un souffre-douleur et le persécute pendant plusieurs mois parce qu’ "il perturbe l’harmonie du groupe ". Si le harcèlement est surtout psychologique, il n’exclut pas les brutalités physiques. Les professeurs ferment les yeux sur cette pratique cruelle, qui est loin d’être un simple bizutage ou un rite initiatique. D’après une vaste enquête conduite par le ministère de l’éducation en 1997, un tiers des élèves indiquent avoir été ou être victimes d’ijme, surtout au collège, ou le problème est particulièrement aigu. Le harcèlement devient parfois si grave qu’il conduit certains jeunes au suicide ou, l’inverse, au meurtre de leurs tortionnaires.
En 1996, 10575 incidents se sont produits, selon le rapport annuel du ministère de l’ éducation sur les problèmes à l’école, soit une augmentation de 20% sur l’année précédente. En 1997, plus de 1300 incidents entre élèves et professeurs ont été répertoriés, ce qui représente une hausse de 50% par rapport 1996. Ces chiffres rejoignent ceux de la police nationale, qui s’alarme de la progression de la criminalité juvénile. Le nombre des agressions et des crimes particulièrement violents a augment de près de 50% entre 1996 et 1997. La tendance s’est poursuivie en 1998. Autre constat : les filles sont autant impliquées que les garçons.
Plus que la croissance de la délinquance en elle-même, c’est le changement de la nature des crimes et l’âge de leurs auteurs qui préoccupe la société . Les agressions, d’une violence extrême, sont perpétrées par de tout jeunes adolescents, de manière quasi gratuite ou pour des motifs futiles. Un rapport du ministère de l’éducation souligne que "les auteurs [des violences] sont des élèves apparemment normaux. Ces élèves donnent des signes d’avertissement minimes, qui passent inaperçus, comme des réactions disproportionnés de petites choses".
Tout cela conduit l’écrivain Kaoru Takamura s’interroger : "Des changements fondamentaux dans la psychologie des jeunes Japonais se sont-ils produits ces vingt dernières années " ? Il n’est pas impossible que la société japonaise soit déréglée alors même que tout semble fonctionner normalement ". Le regain de violence des jeunes traduit-il effectivement un phénomène profond, une perturbation de l’équilibre subtil d’une société très policée et dans l’ensemble plutôt prospère ? On a vite fait d’incriminer télévision, jeux vidéo et mangas, accusés d’exercer une influence malsaine sur la jeunesse. Ce soupçon apparaît indubitablement fondé sur un point : le butterfly knife.
Il s’agit d’un couteau doté d’un double manche orné et d’une forte lame, avec lequel ont été commises la plupart des agressions récentes. La mode du butterfly knife a été lancée grâce à une série télévisée intitulée "Gift"’ ("cadeau"’), ou le héros maniait cette arme avec une grande dextérité. Une autre série, "GTO"’, jouée par un acteur en vogue auprès des adolescents et déclinée aussi en manga, aurait également eu de l’influence. Mais il y a une différence de taille entre porter un couteau et s’en servir pour tuer quelqu’un. Si les jeunes utilisent cette arme, c’est probablement parce qu’on peut s’en procurer une dans n’importe quel magasin pour 100 à 300 francs.
Dans les grands centres de jeux vidéo d’Umeda, Osaka, d’Akihabara et d’Ikebukuro, Tokyo, les joueurs ont plutôt entre vingt et trente ans et non entre douze et quinze ans. Entre le bruit assourdissant des machines et le nombre d’heures passées devant un écran n’offrant que des jeux répétitifs, ils sortent abrutis plutôt qu’excités de ces moments de loisirs. "Aucune étude n’a établi de conclusions sur les dangers des jeux vidéo"’, révèle Junichi Seto, un jounaliste du Mainichi Shimbun, spécialisé dans la délinquance juvénile. Faut-il vraiment craindre que les jeunes ne fassent pas la différence entre l’image virtuelle sur l’ écran et la vie réelle ?
Les causes profondes de cette recrudescence de la violence résident en fait dans la désagrégation de la famille, la crise du système éducatif et les conséquences de la politique de croissance économique à tout prix menée depuis 1945. Après la seconde guerre mondiale, les Japonais ont concentré leur temps et leur énergie au travail et l’entreprise, délaissant leur vie familiale et communautaire. Les dégâts provoqués dans la société sont patents : les relations humaines se sont considérablement dégradées, dans une culture dominée par l’appartenance une communauté ( l’inverse de la société occidentale depuis longtemps individualiste) et les valeurs traditionnelles sont peu à peu tombes en désuétude. La jeunesse se retrouve aujourd’hui sans repère.
La famille nucléaire, comportant souvent un enfant unique, a remplacé la famille nombreuse d’autrefois. Dans ce pays sur-urbanisé , les grands-parents ou les cousins habitent parfois loin et les temps de transport sont trop importants pour que les uns et les autres se rendent souvent visite. L’autre réseau traditionnel de solidarité, le voisinage, est lui aussi en train de disparaître, cause de l’urbanisation et de la perte des valeurs traditionnelles de la communauté. Jadis, les parents qui s’absentaient avaient coutume de laisser leurs enfants la garde des voisins. Aujourd’hui, ils les laissent livrés à eux-mêmes.
Les parents - surtout le père, qui représente l’autorité - prennent de moins en moins le temps de s’occuper de leurs enfants. "Les Japonais ont une maison, mais ils n’ont plus de foyer"’, remarque l’inspecteur Naritada Nishioka, directeur adjoint de la section délinquance juvénile de la police d’Osaka. Par ailleurs, il est de plus en plus difficile, devant les jeunes générations, de se faire l’avocat des valeurs morales alors que tout concourt en souligner la déliquescence : il suffit de constater les scandales politico-financiers qui secouent le pays depuis dix ans et impliquent les modèles d’autrefois - chefs de grandes entreprises, hommes politiques, hauts fonctionnaires, notamment - ou encore la toute-puissance de l’argent, comme en témoigne le phénomène de la prostitution des lycéennes.
Autant que l’institution familiale, le système éducatif traverse une crise profonde. Longtemps efficace, le modèle d’une école elle aussi instrumentalisée pour la croissance économique au lendemain de la guerre ne fonctionne plus correctement. "L’objectif des jeunes est d’entrer dans le meilleur lycée, pour arriver dans la meilleure université, pour intégrer la meilleure entreprise et bien gagner sa vie, devenir riche, résume le journaliste Junichi Seto. Leur vision est très matérialiste." La sélection s’opère tôt. Un concours, au terme des trois années de collège, détermine l’avenir des adolescents de quinze ans. Pour entrer dans les grandes entreprises ou la haute fonction publique, il n’y a qu’une voie unique, une demi-douzaine d’universités prestigieuses auxquelles on n’accède que par le biais de lycées réputés, là aussi sur concours. Pour réussir cette preuve, les collégiens travaillent d’arrache-pied. Après leurs six heures quotidiennes de cours, une ou deux heures passées au club sportif ou culturel intégré à l’école et quasi obligatoire, les deux tiers des jeunes se rendent dans un juku, un cours privé, deux à quatre fois par semaine. Les parents consentent pour cela des sacrifices financiers importants. Le redoublement n’est pas permis. "Les professeurs essaient d’aider les mauvais é1èves, mais honnêtement on ne peut pas faire grand-chose"’ admet M. Saeki, le directeur de l’école de Sendai. Les collégiens subissent une telle pression de la part de leurs parents et du système scolaire qu’ils en deviennent souvent violents, ou bien alors ils baissent les bras et refusent d’aller l’école. Tous les acteurs du système éducatif reconnaissent que ce comportement devient un problème majeur.
Du côté du monde politique, des médias et de la société civile, de nombreuses voix s’ élèvent pour appeler la révision de la loi sur la délinquance juvénile, laquelle, votée sous l’influence américaine il y a cinquante ans, est favorable la réinsertion des criminels. L’Association des victimes de la délinquance juvénile, née il y a deux ans, demande que la responsabilité pénale soit abaissée de seize quatorze ans, ainsi que l’intervention d’un procureur dans le procès et l’ouverture des débats au public. La révision de la loi répondrait certes au besoin de justice des victimes et de la population dans son ensemble, mais il est peu probable qu’elle permette d’enrayer la montée de la violence, comme le montre le contre-exemple américain.
Pour le docteur Nakazawa, "ce n’est pas la jeunesse qui se dérègle, ce sont les adultes : "Regardez l’évolution du pays depuis cinquante ans, regardez la situation aujourd’hui : le gouvernement investit des sommes normes pour sauver les banques et presque rien dans l’action sociale".