"Nécessité est nécessaire ! D’où les criailleries des politiciens, d’où les soi-disant « crises sociales » de toutes classes, aussi nombreuses que fausses, imaginaires, exagérées et tout cet aveugle empressement à y croire. Ce que réclame cette jeune génération, c’est que ce soit de l’extérieur que lui vienne visiblement –non pas le bonheur- mais le malheur : et déjà sa fantaisie s’affaire d’avance à en former un monstre, afin d’avoir ensuite un monstre à combattre. Si avides de nécessité ils se sentaient la force de se faire intérieurement du bien, la force de se faire violence à eux-mêmes, ils sauraient aussi se créer intérieurement des nécessités propres et personnelles. Leurs inventions seraient alors plus fines, et leurs satisfactions auraient la résonance d’une musique de qualité : tandis qu’à présent le monde retentit de leurs cris, et ils ne le remplissent que trop souvent du sentiment de nécessité ! Ils ne savent que faire de leur propre existence –et ainsi ils évoquent le malheur d’autrui : ils ont toujours besoin des autres ! Et toujours d’autres autres ! –Pardonnez-moi, mes amis, j’ai osé évoquer mon bonheur."
Il lis Le Gai Savoir.