Lorsque vient le moment de la puberté, le corps change, on prend des fesses, on prend du poil, on s'allonge, on a des boutons, on ressemble à rien.
L'esprit change aussi. On a plus de mal à se confier, on a du mal avec ses parents, on cherche un ami pour une vraie relation, pas que pour jouer, mais pour penser et échanger...
On aimerais bien sortir avec la pionne mignonne et trop sympa qui sent toujours bon, mais on rougit encore rien qu'en la regardant...
On est mal, souvent, on pique des colères pour rien ou trois fois rien... On aimerais casser le monde, pour le reconstruire meilleur, sans trop savoir pourquoi, on est naïf encore, et trop souvent influençable...
Les grands disent qu'on se construit, que c'est "the passage", que la révolte est normale, et qu'un jour ça passera, on aura grandi, on sera fier d'avoir fait des conneries que tout le monde pardonnera parce-que, "on a tous été jeune"....
Sauf que la connerie mène à la prison...La prison...La prison putain, pour mes petits frères de 12 ans...
-Ah oui mais attention, hein, c'est pour des délits trés graves, c'est pas pour avoir volé des carambars là... C'est pour des meurtres quand même!!!
-Alors je suis rassuré, je me dis que nous sommes dans une société très juste où celui qui n'a pas le droit de vote, ni celui du travail, ni celui de quoi que ce soit d'ailleurs, a quand même le droit d'aller en prison, parce que jusque là, trop injuste, c'était réservé qu'aux grands frères, la prison, la taule, ce trou béant et dégueu arraché à la liberté...
Je me dis que ces futurs taulards là, encore en train de s'enlever les croutes sur leurs genoux écorchés par la vie, auraient pu être aidés, encadrés, compris, aimés, choyés, auraient pu être sortis de l'engrenage morbide qui les a conduit devant un juge, auraient pu s'en sortir... Mais là non, il s'en sortiront pas, eux...Ils cacheront leurs visages meurtris dans ces traversins tâchés de mille pleurs et personne ne les écoutera, et personne ne les aidera, et quand ils sortiront, Marianne, seras tu fière d'avoir fait de ces mômes accidentés des êtres déshumanisés, ceux là même que tu voulais combattre du temps de Condorcet ? Non, toi aussi tu te cacheras le visage et toi aussi tu pleureras et toi aussi tu te diras qu'il est trop tard, et comme il le sera, ils t'arracheront le coeur et le remplaceront par un fusil mitrailleur....
Dernière modification par nandatte (03-12-2008 22:20:10)